Republié via Innoreader Read More
Vous regardez les bulletins météo et peu importe la situation ; anticyclones, dépressions, vent, calme… Les nuages semblent toujours s’accumuler sur la moitié Nord du pays, et pour ainsi dire jamais au Sud. Comment se fait il que, qui plus est en hiver, l’ensoleillement puisse à ce point varier sur le territoire français ?
Cet automne très gris a peut être pu vous amener à vous poser la question. En effet, souvent, images satellites comme cartes météorologiques ressemblent grossièrement à cela :
Image satellite du 08 novembre 2024 – Eumetview
Cela n’est évidemment pas dû au hasard. En effet, les moyennes d’ensoleillement en France varient significativement sur l’année selon la position géographique.
Il existe grossièrement 3 zones d’ensoleillement différentes en France, séparées de zones de transition où les influences se mêlent.
Moyennes annuelles d’ensoleillement en France et les différentes zones décrites dans cet article.
Ces zones peuvent être illustrées avec les graphiques de probabilité d’ensoleillement (probabilité de survenue d’une période ensoleillée de 5 jours consécutifs).
– La zone « Nord / océanique » comporte un ensoleillement assez faible toute l’année avec un minimum hivernal important.
Probabilité d’ensoleillement (>5 jours consécutifs) à Paris – CM SAF data
– La zone « aquitaine » correspond au climat aquitain et à son aire élargie. Le soleil y est mieux réparti sur l’année avec des périodes d’ensoleillement hivernales régulières. Le pic estival est décalé vers septembre en raison de nombreux développements orageux en saison, qui se tarissent à l’arrivée de l’automne.
Probabilité d’ensoleillement (>5 jours consécutifs) à Bordeaux – CM SAF data
– La zone « méditerranéenne », liée directement au climat méditerranéen avec un ensoleillement estival extrêmement important. Après un minimum automnal, un nouveau pic, plus faible, est observé en hiver.
Probabilité d’ensoleillement (>5 jours consécutifs) à Monaco – CM SAF data
– Les zones de transition (très étendue dans le Centre Est) qui voient leur influence varier en fonction des flux. Les flux méridiens transitant par la Vallée du Rhône expliquent cela.
Une « zone à minimum » sous influence océanique
Sous nos latitudes, un vent d’Ouest domine, voire Ouest-Sud-Ouest en hiver lors de la reprise de l’activité dépressionnaire Atlantique.
Ces vents drainent des masses d’air douces et humides, parfois d’origine subtropicale. En se refroidissant sous nos latitudes, l’humidité tend à se condenser et à donner de la grisaille.
Ce phénomène est connu sous le nom de « zone à minimum » (d’ensoleillement)
La France, par sa position à cheval sur la zone à minimum, et la zone méditerranéenne connait des différences systémiques d’ensoleillement entre le Nord et le Sud (et plus particulièrement le Sud-Est).
L’Europe est en grande partie concernée par une zone à minimum, à l’exception du bassin méditerranéen, protégé par les massifs montagneux – COMMONS
Une influence également… Continentale !
En hiver, les terres se refroidissent plus vite que les mers. Quand le flux chargé d’humidité recouvre le continent, ces températures plus basses favorisent la formation d’inversions et de froid (relatif par rapport à la température de la masse d’air océanique).
De fréquentes inversions condensent ainsi toute cette humidité sous forme de stratus indélogeables en raison du faible rayonnement solaire hivernal sous nos latitudes.
Le nombre de jours de soleil et de périodes ensoleillées chute ainsi drastiquement au coeur de l’hiver entre un climat considéré comme gris et océanique (Brest) et des zones plus à l’Est.
Plus on s’enfonce dans le continent européen, plus la baisse d’ensoleillement est brutale, et les périodes sans ensoleillement fréquentes
Où aller pour échapper à la grisaille ?
Si vous vous êtes déjà rendus aux sports d’hiver, et plus particulièrement en haute montagne, vous avez déjà remarqué que le Soleil y est très présent. Cela est dû au fait que les sommets se trouvent au-dessus des inversions, les montagnes étant alors soumises uniquement au flux perturbé… Et cela fait toute la différence!
Le massif alpin domine les stratus hivernaux le 4 février 2022 – Jérémie GAILLARD
> L’ensoleillement hivernal dans les Alpes et les Pyrénées est équivalent à celui du Sud de l’Espagne ou de la Grèce !
Couverture nuageuse moyenne et radiation solaire moyenne durant le trimestre hivernal – OMM
Le saviez vous ? les « zones à minimum » accentuées par des périodes hivernales sombres (pauvres en UV) ont entrainé des adaptations chez l’espèce humaine en réduisant la production de mélanine. Comptant également les facteurs migratoires, il est possible de la voir apparaître, se superposant aux traits génétiques européens (comme en Asie).
Répartition de certains caractères physiques dans la population européenne